Des retrouvailles innatendues [PV Oasis]

Un palefrenier tenait sans grande conviction un grand étalon gris pommelé. Il l'amena jusqu'au prés dans la fraîcheur matinale. Le cheval trottinait à coté de l'homme, le dépassant régulièrement, puis s'arrêtant sans raison, et observant les alentours avec envie. Oasis démarra avant que l'homme ai put lui retirer son licol. L'étalon galopa avec frénésie, entrainant derrière lui sa longe, heureusement trop courte pour qu'il ne puisse y marcher dessus.Le palefrenier le regarda avec une certaine colère, le temps qu'Oasis se calme. Finalement, il parvint à lui retirer son licol.

Oasis s'ébroua bruyamment après s'être roulé. Il dressa les oreilles et observa l'homme disparaître à l'angle d'un bâtiment. L'étalon observa la barrière. Derrière s'étendait une immense plaine verdoyante. Il jeta un coup d'œil aux alentours. Personne. Oasis prit le petit galop, il sauta la barrière avec aisance et retomba sur la surface herbeuse et tendre. Il continua sa balade un long moment, ruant par moment, galopant sereinement à un autre, puis s'arrêtant brusquement et changeant de direction à la manière d'un cheval de western, sans réel but à part oublier, oublier ce qui c'était passé, oublier qu'il avait perdus son cavalier, oublier qu'il avait perdus tout espoir d'entrer dans la légende en chutant.

Il avait soif. Son galop frénétique l'avait fatigué. La rumeur lointaine d'un cours d'eau l'attira. Il s'engagea dans un petite forêt. A peine avait il aperçut le cours d'eau et la chute qui l'alimentait, il entendit son nom prononcé. Il observa le cheval un instant.
"- Neptune ? "
Sa voix était faible, et le cours d'eau la dissimulait presque. Il resta aux aguets, les oreilles parfois couchées, parfois relevées. Le souvenir de leur rencontre lui revint, c'était lors d'un concours avec son ancien cavalier. Ils s'étaient d'abord rencontré à la douche, et bien que tout deux étalons, ils avaient tissé quelques brides de conversation. Leur seconde rencontre avait eu lieu a un autre concours, sur le podium. Oasis avait été classé second, et plusieurs dixième de seconde de moins avait placé Neptune sur la première marche. Oasis n'avait pas été déçu, il était fier d'amener son cavalier sur le podium, même à la seconde place. Le cheval reprit ses esprits et dit:
"- Co ... comment tu est arrivé ici ?"
Sa surprise était immense, Neptune était un excellent cheval de saut, comment avait-il put se retrouver sur les terres de Willow Stables, bien loin des concours internationaux qui l'avait rendus célèbres.

Le gris que Neptune avait rencontré sur plusieurs concours lui posa la question de savoir comment il était arrivé ici. En réalité, il se posait la même question envers Oasis. Le bel alezan fouilla la queue avant d'avancer vers sa vieille connaissance. Deux chevaux célèbres qui avaient parcouru un bout de route ensemble et qui se retrouvaient dans un immense hasard et pour le champion alezan, un hasard trop douteux. Il s'ébroua et commença son petit résumé.

« Ô, tu sais, à vrai dire j'en sais trop rien... C'est compliqué... et même moi, même le public, en réalité, personne ne sait pourquoi je suis là. On m'a vendu à la suite d'un contrat mais c'est une raison mystérieuse... Peux-être pour permettre à d'autres d'arriver au sommet. Mais ce que je ne comprend toujours pas c'est que et la foule et mon cavalier avaient confiance en moi et comptait sur mes aptitudes. Et puis un jour, pof, sans que rien ni personne ne comprenne, je me suis retrouvé ici, et on commence à m'oublier, du moins c'est l'impression que j'ai. »

On sentait dans la voix du Selle Français une profonde nostalgie. La compétition, c'était toute sa vie et ça aurait put être toute sa vie si le destin n'en avait pas décidé autrement... Enfin le destin c'est un bien grand mot, je dirais plutôt les hommes... enfin UN homme, le propriétaire et l'acquéreur. Ce qui fait en réalité deux. Enfin passons, ce n'était pas important. Après quelques instants de silence durant lesquels il se rappela son ascension phénoménale aux podiums, il retourna la question au grisou.

« Et toi ? »

Il plongea ses yeux malicieux dans ceux d'Oasis. Ils avaient toujours étés en confrontation mais ils ne s'étaient jamais détestés... Il s'étaient toujours respectés. Du moins du côté de Neptune. Ce dernier avait certes un mental de gagnant, mais il respectaient ceux qui concouraient contre lui. Au fond, il était brave et il avait du cœur. Pas comme les cavaliers qui les montaient qui eux ne respectaient rien ni personne et qui voulaient sans cesses gagner.

L'alezan toisa Oasis un moment avant de raconter les raisons de son arrivée à Willow Stables. Oasis l'écouta attentivement et lorsque Neptune se tut, le cheval resta pensif. Il était vrai que les raisons qui avait poussé le propriétaire de Neptune à le vendre était tout à fait mystérieuse.
"- Et toi ? demanda Neptune en sortant le gris de ses pensées"
Oasis fixa un instant la surface agitée de l'eau. Seul le murmure de la chute d'eau rompait le silence des deux chevaux. Le regard d'Oasis croisa celui de l'autre étalon. Il chercha ses mots, il ne voulait pas que l'on accuse son cavalier de la faute que lui seul avait commis. Ce qui c'était passé, il s'en était toujours considéré comme le seul responsable, et lui seul devait en payer le prix.
"- C'était pendant un concours. Le terrain était glissant, mais j'aurais du faire plus attention. Vers le milieu du parcours, j'ai chuté dans un virage. Je n'ai rien eu, mon cavalier n'a pas eu cette chance là, il s'est blessé à la jambe, il m'a vendu."
Oasis détourna son regard et se remit à scruter la surface de l'eau. Il avait soif. il s'avança de quelques pas et observa les horizons, guettant le moindre danger. Lorsqu'il fut sur que rien ne pourrait lui arriver, l'étalon abaissa sa longue encolure et ses lèvres effleurèrent doucement l'eau. Il but un long moment avant de se relever. L'autre étalon était toujours là.
"- Comment tu as fait pour sortir de Willow Stables?"

Oasis avait eut moins de chance que lui... enfin ça dépendais... Lui au moins savait pourquoi il était là. Les deux étalons étaient de toute façon dans une impasse sans issue... Un endroit dont ils ne sortiront probablement qu'à leur vente ou leur mort, ce qui était sur, c'est qu'ils n'étaient pas là en terme de vacances, c'était définitif. Jamais ils ne reverraient leur ancienne vie.

« Les palefreniers sont bien naïf, les barrières des prés sont riquiquis, il m'a suffit de sauter par dessus et de galoper jusqu'ici. »

Oui, 1m10 et encore, ce n'était absolument rien comparé aux grand prix internationaux.

« Et toi ? »

Comme précédemment, il lui retourna la question, en ajoutant une quelques minutes après, entre deux bouchées d'herbe fraîche et succulente.

« Tu es arrivé depuis longtemps ? »

Il ne pensait pas qu'Oasis fut là depuis un bout de temps, car il l'aurais sûrement déjà vu, c'était sûr. Il fouilla énergiquement la queue pour chasser les deux-trois mouches qui s'agglutinaient sur sa robe, attendant la réponse de l'étalon.

Neptune écouta lui aussi le bruit, mais ça ressemblait fortement à un battement d'aile de corbac, rien de bien menaçant. Il n'était pas étonnant que l'entier alezan n'ai pas encore vu sa vieille connaissance Oasis étant donné qu'il n'était arrivé qu'aujourd'hui même.

« Je me disais bien que ça ne devais pas faire longtemps que tu étais arrivé. »

Il le regarda de ses yeux pétillants de malice avant de répondre.

« Pour combler le malheur qui m'arrive, je suis arrivé il y a environ un mois et je suis resté sans rien faire depuis. Une jeune femme est venue me brosser et puis plus rien. »

Oui, on pouvait dire que depuis qu'il avait quitté les pistes, il avait accumulé le malheur. Mais bon, ça lui faisait un prétexte pour être plus chaud et chi*nt à la prochaine sortie.

« Enfin passons. Tu as fait d'autres résultats depuis notre dernière rencontre ? »

Lui n'en avait pas tellement fait étant donné que ça faisait deux mois qu'ils s'étaient vu dernièrement et un mois qu'il était ici. Il avait remporté un dernier grand prix et avait participé à un CSI ***** durant lequel il était arrivé troisième avant d'être vendu.

Oasis prêta une oreille attentive à l'autre étalon. Parler avec quelqu'un lui faisait le plus grand bien, et il commençait à trouver Neptune plutôt sympathique. Ce n'était pas qu'avant il ne l'appréciait pas, mais ils se connaissaient peu, et Oasis était parfois un peu jaloux de l'étalon, si parfait à l'obstacle, mais pourtant à ce qu'il disait, abandonné de tous depuis plus d'un mois.Cette nouvelle eut d'abord pour effet de l'étonner, puis il s'attrista du sort du cheval, et de celui qui l'attendait. En effet, si Neptune n'avait pas trouvé de cavalier avec un aussi immense palmarès, Oasis aurait encore plus de mal a en trouver un avec sa récente chute et ses origines "banales". La question de l'étalon le détourna de ses pensées et Oasis répondit peu après:

"- J'ai fait un CSI ***, j'ai terminé second. Quelques semaines plus tard, mon cavalier et l'entraineur m'ont trouvé suffisamment en forme pour un CSIO ****, c'est là que j'ai chuté ..."

La voix d'Oasis se brisa doucement. Pour ne pas paraître trop nostalgique, il reprit comme si de rien était:

"- Et toi? Tu as eu le temps d'en faire avant qu'ils ne te ... vendent?"

La façon dont Neptune parlait de son ancien cavalier laissait penser qu'il n'était pas aussi indifférent aux hommes qu'il le laissait penser. Oasis l'observa discrètement brouter l'herbe fraîche. Il en attrapa lui même une bouchée avant que le cheval ne reprenne la parole. Ce qu'il disait paraissait plausible. Bien sur, Oasis continuait à espérer que ce ne soit pas le cas et à se bercer de douces illusions. Il savait ses espérances vaines et futiles, pourtant, il se contenta de répondre:
"- Peut-être ..."
La chaleur de la forêt qui entourait la cascade donna l'impression à l'étalon d'étouffer. Des gouttes de sueur ornait son encolure et les mouches plates et autres insectes l'exaspérait. Il s'avança vers le cours d'eau et le longea quelques instants. Il cherchait un endroit peu profond pour se rafraîchir. Il finit par en trouver un et y plongea les deux antérieurs avec soulagement. L'eau glacée le fit d'abord frissonner mais il s'y habitua peu à peu. Il brisa la surface de l'eau avec son antérieur droit. Des gouttelettes d'eau fraîche s'éparpillèrent sur sa robe grise, la fonçant un peu par endroit. Il ressortit de l'eau et se rappela de la présence de l'autre cheval. Oasis s'ébroua bruyamment une fois sur la berge.
"- Tu compte revenir à Willow Stables? "